J'avais écris un très (trop) long article sur Vivian Maier. Je parlais en détail de ses images et surtout du personnage artificiel créé autour d'un comte fabriqué sur la base de faits réels. Toute cette histoire qui l'a transformée en un produit marketing tendance.

Et puis j'ai relu cet article et je crois que c'est encore accorder trop de crédit à cette histoire. Voir ce personnage fictif venir s'insérer dans la perspective d'une histoire de la photo sonne faux. La prochaine étape étant certainement un musée, une école ou une rue à son nom. La seule vertu qui j'y voit est peut être de parler enfin du travail d'une femme au milieu d'une histoire sélective de la photographie.

En d'autres termes, je trouve que son boulot représente surtout de l'argent facile pour les propriétaires des droits. La hisser au rang d'artiste majeure de la fin du XX ème siècle fait certainement partie du plan à long terme, mais cela ne veut rien dire par rapport à sa vision à elle, restée anonyme et silencieuse.

Être mort ne légitime pas tout et n'importe quoi.

Bref, ça m'agace et c'est dommage car Vivian a certainement fait un travail remarquable, et parfois des clichés forts, mais à mon sens ni mieux ni moins bien que beaucoup d'autres photographes contemporains qui eux n'ont pas la chance d'être mort en laissant des pellicules derrière eux. Cette histoire de pellicules oubliées dans des malles ressemble déjà tellement à un film... Et puis pour couronner le tout, la référence tout aussi tendance à l'argentine, comme si le procédé était la noblesse de la photographie, en devient agaçant. Comme si plus la technique est ancienne, plus elle est valorisante pour le créateur... Vivement dans 50 ans quand on parlera de la photo contemporaine et de nos boitiers digitaux des années 2000 !

Je n'aime pas cette culture passéiste et stérile... Je trouve que ça n'encourage en rien la créativité, et surtout se cacher derrière la technique ne donne rien de bon.

Voilà, je termine mon coup de gueule sur Vivian Maier, que dans le fond je ne déteste pas mais n'arrive pas à aimer non plus. Il y a beaucoup d'autres contemporains vivants qui méritent aussi bien, voir mieux, je pense dans deux autre registres totalement différents à François Benveniste, récemment disparu, ou Plume Heters (Bien en vie elle fort heureusement)